Pour ceux qui ne seraient pas au courant, aujourd’hui, c’est lundi de Pâques ! 😆 Autour de moi, Pâques évoque souvent la résurrection, le renouveau, le changement. Personnellement, Pâques m’évoque aussi la trahison de Judas. Je suis allergique à la trahison. Allergique est un mot faible. Moi qui ai du mal à me mettre en colère, si il y a bien quelque chose qui me fait sortir de mes gonds, c’est quand quelqu’un ne respecte pas une promesse, une parole donnée.
Cela m’exaspère d’autant plus, quand cela se produit dans un environnement tenu par le secret professionnel dans lequel la confidentialité n’est pas négociable.
Cela m’est arrivé récemment : après un stage Elément Humain et suite à quelque indiscrétion qui m’était revenue, j’ai dû rappeler à l’animatrice quelques mois plus tard, qu’elle s’était engagée solennellement le premier jour devant le groupe, « à ne RIEN révéler de ce que nous allions vivre » et « à ne pas évoquer notre expérience devant une personne qui nous connaîtrait »… engagement sans ambiguïté que visiblement, elle avait oublié, pour moi comme pour d’autres, emportée par son propre mécanisme de défense (en l’occurrence « le Demandeur »). Quand on connait le degré d’intimité que l’on partage en phase 1 d’une formation Elément Humain, il y a de quoi se mettre en colère… 👿 …et venir interpeler mes projections (positives) sur les gens, projections dignes du plus confiant des Labradors ! 🙄
Il n’y avait pourtant qu’une seule chose à faire, a priori EXTREMEMENT simple : SE TAIRE. Cela m’a rappelé mes débuts en RH où une DRH de quinze ans mon ainée m’avait un jour dit : « Pour la confidentialité, il y a une règle d’or hyper simple : tu fermes ta g***** et c’est tout. ». C’était un conseil direct, clair et dont j’ai souvent mesuré la pertinence dans ma carrière. De mon expérience, les (vrais) thérapeutes sont plus vigilants sur ce point.
Alors petit rappel pour les coachs, les managers, les salariés, bref tous ceux qui se demandent : « jusqu’où se taire ?… ». Voilà ce que l’on apprend / révise en Gestalt :
Petit historique du secret professionnel :
Le secret professionnel ne date pas d’hier. 300 avant JC, Hippocrate déclarait déjà : « Ce que tu as appris de ton malade, tu le tairas EN TOUTES CIRCONSTANCES. ». Cela fait donc plus de 2000 ans que la règle est archi claire, sans la moindre ambiguïté.
Le nouveau code pénal applicable depuis 1994 est tout aussi clair qu’Hippocrate : la violation du secret conduit à une sanction pénale (cf. article 226-13 du Code Pénal): « La révélation d’une information à caractère secret, par une personne qui en est dépositaire, soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » Il n’y a visiblement pas que moi qui considère comme sérieux de trahir un secret : en France, c’est du pénal… et ça ne rigole pas. 🙄
Quelles sont les limites du secret ?
Il existe trois cas d’autorisation de levée du secret :
– la révélation de sévices ou privations à l’encontre de mineurs de moins de 15 ans ou de personnes hors d’état de se protéger,
– la transmission avec accord de la victime d’éléments permettant de présumer de l’existence de services sexuels,
– le témoignage d’une preuve d’innocence pour une personne détenue.
Les seules obligations de levée du secret sont dans les cas d’obligations d’assistance à personne en danger ou dans celui d’une infraction de recel de criminel.
Dans la pratique professionnelle, des éléments peuvent être révélés dans les cas suivants:
– en supervision, notamment pour les thérapeutes, car le secret peut être lourd à porter et conduire à des écueils encore plus graves que sa divulgation dans ce cadre sécurisé qui est, lui aussi, confidentiel.
– dans la rédaction de notes ou de dossiers en cas de partenariat et de travail pluridisciplinaire ou inter-institutionnel, pour venir en aide à des personnes ou familles en difficultés
– dans certains cas de prises en charge d’enfants
– en institutions
Même dans ces contextes, il importe d’expliciter, de maintenir et de partager une ligne de conduite qui vise à rester discret, respectueux, précautionneux et à observer un devoir de réserve.
Dans tous les autres cas, que ce soit en milieu thérapeutique et/ou dans un cadre de formation et/ou de coaching, la règle est simple et non négociable : ne RIEN divulguer.
Et pas de chance pour ceux/celles qui essaient de se trouver des excuses à leur manque de confidentialité en justifiant qu’ils « n’ont pas dit des choses importantes » (qui d’autre peut juger de l’importance de qui est révélé, si ce n’est la personne concernée ?… ) : le « RIEN » est une notion binaire, le RIEN n’est pas « négociable ».
RIEN, c’est vraiment RIEN. Ce n’est pas « un peu » …et personne n’aurait la même définition de ce « un peu ». C’est pour une fois, un concept archi simple, que même un enfant peut comprendre.
RIEN, c’est vraiment RIEN.
Et vous ? Avez-vous déjà rencontré des problèmes de confidentialité avec un formateur, un coach, un thérapeute ?… Quelle est votre expérience ?
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De manière générale, la confidentialité est une règle d’or quand on adopte une attitute ‘coach’ qui est tout aussi importante que la bienveillance…
Oui, il y parfois des évidences qu’il convient de rappeler à certains formateurs malheureusement… 🙁
Travaillant dans la relation d’aide depuis de nombreuses années , manager et désormais coach, je me suis toujours fixé comme ligne de conduite (au regard des limites que tu as posées) de me mettre d’accord avec la personne sur ce que j’allais dire ou du moins , lorsqu’il y avait une notion de danger, de lui nommer très exactement ce que je transmettais (je travaille dans la protection de l’enfance)
Sur le travail pluridisciplinaire, j’ai toujours trouvé que le fameux partage du secret professionnel n’autorisait pas à tout dire et qu’il fallait absolument avoir les mêmes règles de conduite et d’être très vigilant ! Merci de rappeler ces évidences et ces fondamentaux.
L’expérience m’a prouvé que les évidences et fondamentaux… ne sont pas évidents pour tout le monde !
C’est VRAIMENT choquant dans le monde du coaching et les métiers d’aide…
Le respect absolu de l’intimité d’une relation d’aide est premier dans la construction de la confiance. C’est la base qui permet des échanges sincères. Oui tu as raison de rappeler ces fondamentaux.
Oui, ce sont des fondamentaux parfois oubliés… et c’est bien dommage.
La confidentialité est une règle d’or effectivement. Sans cet engagement et son respect absolu le coach n’ira pas loin, ni avec son coaché, ni avec son client.
Mais « fermer sa gueule » est plus facile à certains qu’à d’autres. Peut être là une piste pour un thérapeute ?
Pour ma part j’aurais pu être ce DRH qui vous donnait ce conseil. L’avantage quand on se tait c’est aussi qu’on en apprend d’avantage de ceux qui parlent et l’on dit moins de conneries…. Alors éloge du sphinx
Oui, entièrement d’accord avec vous. Je me dis juste que si l’on ne sait pas « fermer sa g***** « , alors il ne faut pas être coach, ni animer l’Elément Humain… C’est juste incompatible.