Du coup, je me surprends à devenir plus tolérante devant l’incompréhensible -voire devant l’insupportable. Je constate, au minimum, que ce qui m’irritait profondément jusqu’à parfois troubler mon sommeil, glisse désormais sur moi, tout simplement parce que je le comprends, voire même, je l’excuse -ok, ok, ça c’est seulement dans mes « bons jours » !… 😆
Bon, ce qui est sûr, c’est que je ne vis plus certaines réactions comme une attaque personnelle contre MOI, mais bien comme un mécanisme de défense CHEZ L’AUTRE. Cette nouvelle perspective change mon regard et me permet désormais d’identifier chez l’autre -et chez moi- ce qui se passe, pour aller au-delà et « rester en lien » (si la relation en vaut la peine), là où auparavant, je tournais les talons, par manque de clefs de lecture et par incompréhension de ce qui se jouait.
Pour utiliser ces clefs à bon escient, il faut d’abord bien comprendre ce qu’est un mécanisme de défense.
Un mécanisme de défense sert à se protéger de son propre ressenti. L’erreur serait de croire qu’il sert à se protéger de l’autre. Pas du tout. Sa fonction est avant tout de se protéger de soi, de son propre ressenti. Notre meilleur ennemi est souvent nous-même: notre jugement sur nous est beaucoup plus puissant -et dévastateur- que celui des autres. Pourquoi ? Parce ce que le jugement de l’autre, positif ou négatif, ne peut m’ atteindre que si celui-ci rejoint, peu ou prou, le mien. Donc c’est bien de soi que l’on se protège, c’est bien de MOI que je me ME protège – et jamais de mon interlocuteur. De la même manière, c’est aussi de lui-même que mon interlocuteur se protège, jamais de moi. Ce fût une première découverte. 🙄
Quels sont les mécanismes de défense ? L’A.T. (ou l’Analyse Transactionnelle) en identifie trois : la Victime, le Persécuteur et le Sauveur.
La Victime consiste à « se plaindre pour se faire plaindre » et éviter d’être en contact avec son ressenti. Tout comme Caliméro sous sa coquille d’oeuf, « le monde est vraiment trop injuste ».
La Victime est souvent aidée par un Persécuteur, qui au lieu de s’interroger sur ses propres insuffisances, va s’attacher à pointer et critiquer celles des autres, surtout s’il a une Victime sous la main: « accuser les autres pour éviter de remettre en cause soi-même ».
Ce duo ne serait pas complet, sans l’intervention du Sauveur qui, sous un rôle plus socialement acceptable, joue au même jeu que les précédents : se protéger de lui-même, en sauvant les autres cette fois-ci (pour éviter de s’occuper de lui-même et de se sauver de son propre ressenti, qu’il ne peut pas toujours assumer).
L’approche de Elément Humain complète cette liste par : le Masochiste, le Demandeur et le Déni.
Le Masochiste est une victime non plus des autres, mais d’elle-même. Le Maso anticipe les critiques : « quitte à avoir mal, autant commencer tout de suite et par soi. ». On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. C’est le mode « je suis nul et je le proclame »
Le Demandeur est un puits sans fond. Comme il ne supporte pas son ressenti intérieur, il cherche sans cesse à se rassurer auprès de l’autre et collectionne les signes de reconnaissance avec avidité. Il est en demande permanente pour se rassurer et pouvoir se supporter. (« Tu m’as trouvé comment ?… » sous-endtendu : « Dis-moi que je suis formidable. »)
Le Déni, quant à lui, est un mode inconscient. Autant les précédents se protègent d’un ressenti, autant celui-ci est en amont et se coupe de son ressenti. Il n’est pas en contact avec ses émotions et du coup, ne sait même pas que son mode de défense est le fait même de s’en couper. Et comme le mécanisme est inconscient, lui dire qu’il est coupé de ses émotions revient à lui parler chinois. Pas simple… 😥
Pour compliquer l’histoire, et même si nous pouvons avoir un mode privilégié de défense, nous utilisons l’ensemble de ces mécanismes de défense, les uns après les autres, en fonction des circonstances et de celui que nous allons -inconsciemment- identifer comme le plus efficace pour nous protéger. Deuxième découverte. 🙄
Si l’identification des mécanismes de défense selon l’Elément Humain est intéressante en soi, celle proposée par l’approche de la Gestalt complète bien « la boîte à outils » du coach ou du manager. Troisième découverte. 🙄
Mécanismes de défense ou modes de régulation du contact ?
En Gestalt, on ne parle pas de « résistances », mais plutôt de « modes de régulation du contact« . Ces modes de régulation du contact comportent les éléments suivants :
L’introjection est le processus par lequel nous avons intégré des croyances limitantes, sans en vérifier leur pertinence. (exemple : « Méfie-toi des hommes ! », « Les femmes n’en veulent qu’à ton argent ! », « Il ne faut faire confiance à personne. », etc.)
La rétroflection est le processus qui consiste à éviter l’interaction en retournant contre soi, l’énergie mobilisée. (exemple : « je me caresse le bras alors que je voudrais caresser l’autre. »)
La projection est le processus qui consiste à attribuer à l’autre des qualités ou des défauts non vérifiés : on reporte à l’extérieur ce qui est à l’intérieur. (exemple de projection positive : « Je ne le connais pas depuis longtemps, mais il doit être généreux. »)
La déflection est le processus qui consiste à éviter le contact, en détournant l’énergie de son objectif initial pour la tourner vers autre chose. (exemple : « je caresse le chien alors que je voudrais caresser l’autre. »)
La confluence est la disparition de la frontière en soi et l’autre et peut être comparée à la fusion ou la symbiose. L’individualité s’efface au profit du collectif (exemple : « Nous, les Dupond, on est comme ça ! », « Tu es bien comme ton père ! », etc.).
La proflection, souvent liée à une recherche de reconnaissance, est un non-dit qui consiste à faire à autrui ce que l’on aimerait bien que l’on nous fasse, en espérant que l’autre finisse par deviner la demande non formulée. (exemple : la proflection va s’exprimer au travers d’un compliment, d’un dévouement, d’un geste de tendresse, d’une attention, etc.)
L’égotisme est un processus de rigidification de la frontière entre soi et les autres, ultime résistance pour rester UN face au NOUS et lutter contre la peur de disparaître. Dans ce cas, le contact avec l’autre est tout simplement évité.
Passionnant, non ?… 🙄
Notez bien que, même s’il peut exister un mode de résistance privilégié, les défenses ne sont pas identitaires; il s’agit seulement de postures que nous adoptons le temps de nous défendre, soit contre un ressenti ou une émotion, soit pour ne pas changer.
Personnellement, j’ai adoré découvrir ces concepts…. et méditer sur ceux que j’adoptais, ceux que j’avais observés dans mes différents milieux (familial, professionnel, amical), ceux qui m’étaient familiers (ou pas).
Et vous ? Quelles sont vos mécanismes de défense et vos résistances privilégiées ?… Pour une fois, je ne vous demande pas de répondre en ligne ! 😆
N’hésitez cependant pas à partager vos ressentis, vos émotions et vos idées en commentant cet article. Votre commentaire m’est précieux !…
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