Un jour, ma psy est passée à l’acte. Enfin, mon « ancienne » psy. Voici le récit d’un acte violent… d’autant plus qu’il s’est produit en contexte de thérapie.
C’était en 2014, je m’en souviens comme si c’était hier : je venais tout juste de perdre ma mère et l’une de mes plus anciennes amies était en train de perdre sa lutte contre le cancer du sein.
Après 30 ans d’amitié, elle aussi allait mourir d’un jour à l’autre ; la seule question était de savoir quand. Mon chagrin et mon désespoir étaient immenses. Une peine abyssale que je venais déposer en séances de thérapie chez toi.
C’est le moment précis que tu as choisi pour passer à l’acte et me téléphoner de bon matin pour m’annoncer, par téléphone, que tu arrêtais ma thérapie sans explication, ni aucune forme de préavis : « tu n’en pouvais plus de moi », « tu ne me supportais plus ».
J’utilise le verbe « choisir » car je considère que c’est un choix délibéré que tu as fait de m’appeler moi, plutôt que ton superviseur ce matin là.
Tu ne supportais plus rien de moi, même plus ma vue physique, au point que tu m’as demandé de ne plus jamais repasser à ton cabinet, pas même pour te rendre l’écrit de troisième cycle qu’une cliente t’avait confié sous le sceau de la confidentialité (et que tu m’avais ensuite prêté pour que je le lise… sans son accord). Sa lecture était sensée m’éclairer sur ma personnalité.
Je t’ai donc renvoyé le document le jour même par la Poste… malgré les 5 minutes à pieds qui nous séparaient. Je n’avais plus la force de me rebeller, ni de te refuser cette demande sans fondement. C’est quand tu as exprimé que tu imaginais que je voudrais peut-être garder l’exemplaire original que j’avais entre les mains « pour me venger » que j’ai compris que tu me recouvrais d’une projection immense… qui n’était tout simplement pas moi.
Quand tu as crié au téléphone : « Je n’en peux plus, tu es une cliente horrible !!… », j’ai tout-de-suite su que tu t’adressais à cette projection, mais vraisemblablement pas à moi, ta cliente ordinaire, qui n’avait même pas l’élan de te confronter. Habitant le quartier de ton cabinet, j’ai toujours été à l’heure et n’ai jamais annulé aucune séance. Qu’avais-je de si horrible si ce n’est mon chagrin immense que tu ne savais pas accueillir ??
Je ne m’en remettais pas d’avoir perdu ma mère. Tu avais perdu la tienne et tu m’avais dit que tu avais plutôt bien vécu ce deuil. Tu n’avais même pas pleuré à son enterrement. J’admirais ta force, moi qui m’effondrais un peu plus, inexorablement, de jour en jour… Ce que je nommais « force » à ce moment là, je le nomme aujourd’hui « déni ».
Tu ne supportais plus ma souffrance, ni mes progrès réalisés au cours de stages plus longs, avec d’autres Gestalt-thérapeutes que toi. J’avais l’impression que ta faille narcissique se réveillait et s’animait dès que j’évoquais mes week-ends de thérapie de groupe dans lesquels je puisais pourtant tant de réconfort et un peu de vie. Au lieu de te réjouir de l’existence de ces autres espaces thérapeutiques complémentaires au tien, tu ne supportais ni les qualités que je leur trouvais, ni les avancées psychologiques que je réalisais… sans toi !
La compétence des autres te renvoyait à ta pratique en cabinet, sans la moindre expérimentation… et finalement, sans aucune pratique de Gestalt-thérapie !!! En deux ans, tu ne m’as jamais fait expérimenté quoi que ce soit. Tu me l’as même dit au téléphone dans un N ème reproche : « Avec toi, je n’ai jamais réussi à faire de la Gestalt !… ». C’est pourtant pour cette compétence que je venais te voir et que je te payais. J’avais lu que la Gestalt était efficace… et effectivement, elle l’est : elle l’est quand le Gestalt-thérapeute fait de la Gestalt-thérapie. Mais pas quand il n’en fait pas.
Le cadre que tu m’avais fait signé prévoyait 4 séances pour se séparer si j’arrêtais ma thérapie avec toi : 4 séances pour se séparer en douceur et prendre le temps de se dire au revoir. Quant à toi, ce cadre t’engageait à m’accompagner aussi longtemps que j’en aurais le besoin. J’ai eu la faiblesse de te croire… La bonne blague !
Il t’a suffi d’un seul appel téléphonique depuis ta voiture, sur la route vers ton cabinet, pour me laisser tomber… comme une merde. Quel choc pour moi qui étais déjà en plein deuil, et non des moindres : celui de ma mère. Tu m’as même dit en raccrochant : « Tu n’as qu’à aller te faire soigner chez ta bande de psys !!… » Quel mépris pour moi et pour tes collègues, dont certains, plus seniors, t’avaient même formée à l’EPG!
Heureusement qu’elle était là, « ma bande de psy » pour rattraper tes conneries… et me rattraper quand je suis arrivée, totalement effondrée, au regroupement suivant.
Je me souviens que j’éprouvais même de la honte à raconter ce qui m’était arrivée : et si jamais ces psys allaient eux aussi me laisser tomber ?… Et si ma souffrance était vraiment insupportable, même pour un psy ? J’étais sous le choc, totalement traumatisée par la violence inouïe de cet abandon thérapeutique aussi improbable qu’irresponsable et douloureux.
Le jour où tu m’as téléphonée, j’ai compris en le vivant corporellement qu’avoir « le sang qui se glace » n’était pas qu’une expression imagée de la langue française. Je l’ai vécu réellement : mes veines se sont glacées quand j’ai soudain réalisé qu’après deux ans de thérapie avec toi, il ne me restait plus rien, pas même une séance pour te dire au revoir et tenter de comprendre ce qui s’était passé, pouvoir nommer cet «horrible » que tu revivais à l’occasion de moi. A la place de cela, la violence, puis le silence.
Pendant quelques semaines, j’ai attendu un signe.
Je me suis naïvement dit que tu allais forcément me recontacter, une fois que tu aurais échangé avec ton superviseur sur ton passage à l’acte et ce qui l’avait motivé. Je me racontais que ta conscience professionnelle ou simplement ton « awareness » ne pouvaient pas être aussi inexistantes.
Une fois de plus, je me trompais. Pas un signe, pas même un email. Rien.
Ce matin là, quand tu as raccroché après ton monologue hystérique au téléphone, mon désespoir était tel que j’ai failli ouvrir la fenêtre et sauter. Si même la psy, que je payais chaque semaine, ne supportait pas mon chagrin, alors à quoi bon continuer à tenter de traverser, désormais seule, tant de souffrance et de larmes? Ce jour là, ce qui m’a sauvée, c’est le coup de fil d’une amie qui a tout de suite compris, au ton de ma voix, que quelque chose n’allait pas du tout. Je lui ai tout raconté, les horreurs que tu venais de me dire et la solitude affreuse dans laquelle ton passage à l’acte me plongeait. L’écoute bienveillante et chaleureuse de cette amie m’a permis de ne pas sauter du 6ème étage et d’attendre mon groupe de thérapie programmé deux jours après.
Aujourd’hui, j’ai décidé de raconter mon histoire pour deux raisons : la première, c’est qu’à 50 ans, je nomme et dénonce enfin l’abus dans ma vie, quelle qu’en soit sa forme. La seconde, c’est qu’il y a quelques semaines, tu as « liké » ma page professionnelle (« le Blog de la Gestalt ») te faisant réapparaître, cinq ans après dans ma vie, sans que je n’ai rien demandé…
J’ai imaginé une erreur de manipulation informatique malencontreuse de ta part: cela peut arriver. Mais hier, quand tu m’as invitée comme « amie sur Facebook », j’ai réalisé que ce n’était pas une erreur, mais bel et bien un nouvel acte délibéré, un acte choisi… auquel je choisis de te répondre aujourd’hui ainsi, car non, tu n’es pas mon amie. Ni sur Facebook, ni dans la vie.
Tout cela m’interroge : quid des Codes de Déontologie qui te lient à tes clients au moment d’arrêter leur thérapie… et quid de ces mêmes Codes qui te lient encore aujourd’hui pour tes clients passés ? Sur ton nouveau site internet, tu as écrit : « Je suis totalement engagée à vous accompagner dans une relation thérapeutique réparatrice ! ». Dans ta relation thérapeutique avec moi, le mot exact serait plutôt « dévastatrice ».
En Gestalt-thérapie, il y a la règle du STOP. Alors je te dis STOP.
S’il-te-plaît, pour la sécurité de tes clients d’aujourd’hui, je t’invite à t’interroger sur ta supervision et tes besoins personnels en thérapie.
Ta pratique thérapeutique s’est avérée si dangereuse et si dommageable pour moi que ce serait triste, il me semble, que tu ne t’en rendes jamais compte.
Marie-Odile, une cliente qui ne te dit pas « Merci. »
Ci-dessous mon Témoignage Vidéo suivi de mes réflexions inspirées par cet événement.