Je me souviens précisément de mes deux rêves d’enfant : travailler sur la Calypso et devenir écrivain. Mes parents m’ont vite expliqué qu’il n’y avait pas de femme à bord de la Calypso et qu’écrivain… ce n’était pas un métier !!… Un loisir, mais pas un métier. J’ai ensuite voulu être prof d’anglais, mais ma mère, institutrice, m’a dissuadée de me diriger vers une carrière d’enseignante. A cours d’idées et voulant faire plaisir à mes parents, j’ai finalement fait une Ecole de Commerce : mes parents pouvaient enfin espérer que « je réussisse dans la vie » !
J’ai passé 45 ans à faire plaisir à mes parents… J’ai fait tout ce que j’ai pu pour qu’ils soient fiers de moi : je me suis même fait financer un Mastère à HEC en Management Stratégique des Ressources Humaines. Mon père est finalement décédé en 1998, avant que je n’oriente ma carrière vers les RH : il ne m’aura jamais vu « réussir ». Quant à ma mère, elle a été emportée par une crise cardiaque en aout 2014. Mon public a soudainement disparu !… A quoi bon continuer à m’agiter de la sorte ? Pour qui ? Pour quoi ?
Deux ans de thérapie m’ont appris à y voir clair : si j’ai passé tant d’années à vivre la vie que mes parents voulaient pour moi, maintenant qu’ils sont tous les deux morts et enterrés, je peux désormais m’arrêter… et vivre -enfin !- mon propre destin, unique et singulier !…
Ma mère, en décédant, m’a fait redécouvrir l’écriture, brute, authentique, sans chichi. J’ai fait de mon deuil…. un livre sensible et vrai, et de mon chagrin, un témoignage authentique.
Contre toute attente, je le publie aujourd’hui, à quelques jours d’aller signer la vente de ma maison d’enfance et de tourner définitivement la page de mon passé en Lorraine.
Il m’aura fallu quasiment un demi-siècle pour me détacher de mes parents, de leurs attentes sociales, de mes attentes affectives. J’étais prête à échanger une vie entière de labeur et de sacrifices, contre un peu de fierté paternelle et un peu d’amour maternel. J’ai beaucoup travaillé… en vain. Ca n’aura pas été complètement vain : je connais quelques patrons qui ont bénéficié de mes efforts… et j’ai reçu leur salaire en échange.
Mais ça n’aura servi STRICTEMENT à rien quant à mon but secrètement visé : la reconnaissance de mes parents. Là, le bilan est franchement tristounet !!… Si je ne peux pas refaire l’histoire passée, je peux au moins orienter celle à venir : faire en sorte que je vive MA vie… et plus celle des autres !
Vivre ma vie commence par l’écrire, sans fausse pudeur, sans masque : mettre des mots sur ma vie brute, sans fard. Arrêter de protéger ma mère et nommer la maltraitance, la dénoncer pour mieux m’en libérer… et la laisser derrière moi.
Je rends mon passé à l’Univers… et je me ré-approprie mon avenir ! Si le témoignage de la traversée de mon deuil peut en aider certains à mieux vivre le leur, alors l’écrire n’aura pas été totalement inutile.
L’écriture est thérapeutique; la lecture, aussi !
Je fais le voeu que mon témoignage croise la route de ceux à qui il apportera le réconfort : il n’y a pas de hasard…. et parfois, il fait même bien les choses, ce drôle de hasard.
Je remercie par avance celles et ceux qui me feront l’honneur de me lire… Si vous aimez mon témoignage, pensez à aller noter mon livre sur Amazon ! Merci d’avance pour vos achats, vos soutiens, vos votes et vos commentaires.
La version électronique est en ligne pour 4,49 euros ! Pas besoin d’avoir une Kindle. Il vous faudra juste télécharger l’application (gratuite). La version papier va bientôt suivre. Encore un peu de patience…
Je vous présente le début de ce voyage au coeur du deuil et de ma vulnérabilité :
« Hier, j’ai enterré ma mère.
Tout ce que j’ai à dire tient dans cette phrase: hier, j’ai enterré ma mère.
Qu’y a-t-il de plus à écrire ? Qu’y a-t-il de plus à vivre ?
Peut-être ne naissons-nous que pour ceci : pour vivre et enterrer notre mère, pour réaliser que, tant que notre âme n’a pas été broyée, nous n’avions pas vécu.
Je ne suis pas en deuil ; je suis en chagrin.
Un chagrin absolu.
Mes peines d’amour les plus vives font pâle figure à côté de celle-ci. Hier, j’ai enterré ma mère et je vis le plus grand des chagrins qui soit : un chagrin d’amour inconsolable.
Le monde se divise désormais en deux groupes : ceux qui ont perdu leur mère et les autres.
Ceux qui peuvent comprendre et ceux qui s’imaginent pouvoir comprendre.
Quoi qu’imaginent ces derniers, ils sont en deçà. Il est une douleur où il n’y a plus de mots, où il n’y a plus de larmes.
Saurai-je jamais écrire autre chose que cette phrase : hier, j’ai enterré ma mère.
Est-ce qu’il y a assez de silence dans cette phrase ?
Est-ce qu’il y a assez d’effroi ?
Avez-vous perdu votre mère ?
C’est la seule question qui soit.
Ou plutôt : comment avez-vous survécu ?
Faut-il d’ailleurs survivre ?
Donnez-moi une seule bonne raison.
Je croyais être préparée en ayant perdu mon père.
Ce n’était qu’une répétition : un immense chagrin avant une affliction encore plus colossale.
Double peine.
– J’ai des brûlures d’estomac.
Ça brûle en moi, vous comprenez, Docteur ?
J’ai avalé une boule de feu et à chaque fois que je respire, les braises rougeoient en moi.
C’est difficile de vivre comme cela.
Mourir, à côté, cela paraît plus simple : ça ne fait mal qu’une fois.
Une fois et on n’en parle plus. C’est bien fichu, la Mort.
Ma mère est morte en une fois.
Sans prévenir.
Sans préavis.
Le médecin a appelé cela une « mort subite ».
Un autre nom pour désigner une crise cardiaque massive.
Le cœur s’arrête et voilà.
Il s’arrête une fois et on n’en parle plus.
C’est bien fichu, la Mort.
Ma mère est morte dans son sommeil, en rêvant qu’elle vivait.
Même les médecins n’ont rien compris.
Qui y avait-il d’ailleurs à comprendre ?
Il y a la vie et puis c’est fini.
C’est simple: il n’y a RIEN à comprendre.
Vous avez une maman et puis on vous dit : « Le corps est visible ».
Tout ce qui faisait votre mère n’est plus.
Même son corps moelleux et chaud est désormais dur et glacé.
Je vous ai confié ma mère.
Qu’est-ce que vous me rendez là ?
Ce n’est plus ma mère.
Je veux des explications.
Et puis je comprends à votre désarroi, qu’il n’y a strictement RIEN à expliquer.
« La médecine, vous savez… »
Vous m’aviez dit de ne pas m’inquiéter : « C’est juste un peu de fatigue. »
Juste une fausse alerte : elle sortira lundi.
Elle est sortie lundi.
Morte.
Je suis fatiguée de douleur, éreintée de chagrin et de larmes.
Ma mère s’est arrêtée de respirer et c’est moi qui suis en apnée.
Une mère, c’est comme l’oxygène : quand on en a, on ne s’en rend pas compte.
C’est quand on n’en a plus que l’on suffoque.
Je suffoque. »
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